Lorraine Féline réalise des films, performances, dessins et peintures.
Elle travaille dans une démarche observationnelle: l’observation, avec un minimum d’intervention, des gestes et des corps en mouvements, captés sur le vif. Elle dessine et photographie son entourage pour réaliser ensuite des peintures représentant des instantanés du quotidien.
Elle réalise également des films qui sont des portraits de personnes à l’œuvre, sur leur lieu de travail. Ses vidéos sont de format court, produites de manière indépendante et réalisées en équipe réduite afin d’être en immersion dans le lieu, au plus près des personnes filmées.
Formation
École supérieure des arts décoratifs
de Strasbourg
Hochschule für Künste Bremen, Allemagne
École d’arts de Rueil-Malmaison
Prix / Résidences
2022
Prix 1% Marché de l’art
Ville de Paris
2021
Kunststiftung, Stuttgart, Allemagne
Résidence internationale du CEAAC
2017
Maison des arts, centre d’art
contemporain, Malakoff
2014
Tara Expéditions, Mer Méditerranée
(Sardaigne-Albanie-Grèce)
2013
StudioLab, Ménagerie de Verre, Paris
2012
Suddenly Residencies,
Beauchery-Saint-Martin
Expositions (sélection)
2024
Paris-Stuttgart, Institut Français Stuttgart, Allemagne
Des exploits, des chefs-d’œuvre. Trophées et reliques,
Mucem, Marseille
2023
Tout cela forme un ensemble,
Hôtel de Ville de Paris, 14 oct.-12 nov.
2022
La Danse au travail, Espace
international, CEAAC, Strasbourg
2021
65e Salon de Montrouge,
Beffroi de Montrouge
2019
L’Enfer du Nord, HAUS, Nantes
2018
Il va y avoir du sport !, maison des arts, centre d’art contemporain de Malakoff
2017
Exposition des 20 ans, maison des arts, centre d’art contemporain de Malakoff
Tara, un voyage en Méditerranée, Galerie agnès b., Marseille
2015
Tara, un voyage en Méditerranée, galerie du jour agnès b., Paris
Odradek, cur. Mikaela Assolent et Flora Katz, Instants Chavirés, Montreuil
2013
Atelier des testeurs, cur. Christophe Kihm, B. & A. Dezoteux, Chalet Society, Paris
La Sylphide, performance, Studio de danse, Théâtre de L’Onde, Vélizy-Villacoublay
Le Ballet mécanique, Micro-Onde – Centre d’art de L’Onde, Vélizy-Villacoublay
2012
Chacun de nous était plusieurs, Le Commissariat, Treize, Paris
Perforama, performance, Beauchery-St Martin
Rob Pruitt’s Flea Market, cur. Rob Pruitt, Monnaie de Paris, Paris
BYOB, Palais de Tokyo, cur. Rebecca Lamarche Vadel, Paris
Festivals / projections
2021
Festival Transversales
Université Rennes 2, Rennes
Nuit Blanche, Marathon vidéo,
cur. Randa Maroufi & CACC Chanot
2019
CCCOD, Tours
Cinéma Le Clair, Thiviers
2018
Screen Dance Festival, Stockholm
2017
London International Documentary
Festival, The Archivist, Londres
2016
San Francisco Dance Film Festival,
compétition internationale, USA
Kyotographie, Rohm Theater, Kyoto
2014
Festival Filmer le travail, compétition internationale, Poitiers
2013
Cinéma Appolo, carte blanche
à Nicolas Feodoroff / CPIF,
Pontault-Combault
Collections publiques
Voorlinden Museum,
Wasenaar, Pays-Bas
FRAC Alsace, Sélestat, France
Ville de Montrouge, France
Le travail de vivre
Est-ce que le travail organise nos vies au point où même les temps dits libres subiraient des cadences et des objectifs à atteindre? Il se dégage une mélancolie des vidéos de Lorraine Féline, doublée d’une empathie envers des corps pris dans la division du travail. Une partition encore plus évidente quand confrontée à la démarcation entre le professionnel et l’amateur. Lorraine Féline semble avoir eu cette intuition à travers la danse. Elle rapprochera le geste chorégraphique des mouvements quotidiens – rappelant les principes de la « post-modern dance » new-yorkaise – en sortant les interprètes de sa pièce « Blues Dance » sur le toit-terrasse du conservatoire de Malakoff. A l’inverse, elle fera jouer « La Sylphide » – l’un des premiers ballets à employer des pointes, marquant les débuts du romantisme – par une danseuse classique portant des MoonBoots. A quel prix s’est construite notre idéalisation de la légèreté? Pour cette vision aérienne, il faut des outils de torture, non seulement pour les danseuses, mais pour les ouvriers émigrés qui les fabriquent à Londres, dont l’artiste filmera la chaine et les mains abimées («Le Ballet mécanique»). Parfois la torture c’est de rester immobile debout, comme ces gardiens d’immeuble conscients de leur imposture (« Les Gardiens »). Qu’elle s’inspire des gestes des agents de circulation de la route ou d’un chef d’orchestre, c’est toujours l’usine de la codification de nos gestes, comme sur un bateau où il est impossible de s’arrêter pour garder la navigation (« À bord »). Il y a-t-il une possibilité de reprendre main sur le cours de sa vie? Lorraine Féline filmera alors une ancienne « Clodette » pour le chanteur Claude François, qui lui raconte son odyssée pour se libérer de l’arrière-plan et prendre le pouvoir sur son histoire.
Pedro Morais
Texte publié dans le catalogue du Salon de Montrouge 2021